• « Quelle politique de l'immigration ? » Par Michèle Tribalat, démographe.

     

    Aujourd'hui, militer pour une politique migratoire généreuse c'est s'attribuer une supériorité morale indiscutable, qu'il s'agisse de régulariser tous ceux qui ont eu la chance de poser le pied sur le territoire ou de prôner une ouverture indistincte. Vouloir choisir, ce serait manquer de cœur. Derrière ces postures généreuses se cachent parfois une certaine inconséquence, souvent un intérêt bien compris moins présentable.

    Il n'est peut-être pas inutile de revenir à l'ouvrage de George J. Borjas, Heaven's Door (Princeton University Press, 1999), dans lequel il propose une nouvelle politique migratoire pour les Etats-Unis dont l'objectif serait de servir l'intérêt national qu'il formule en termes économiques par la «maximisation du bien-être des natifs». Il reconnaît que ce n'est pas le seul objectif imaginable et que le gouvernement des Etats-Unis pourrait fort bien choisir d'augmenter le bien-être des individus vivant en dehors de Etats-Unis. Mais il lui faudrait alors expliquer aux Américains ce qu'il en coûterait et à qui. Son diagnostic sur les effets de la politique migratoire amorcée en 1965, rompant avec des décennies de politique restrictive fondée sur des quotas par origine, nous intéresse car cette politique ressemble assez à la nôtre, dominée depuis plus de trente ans par les liens familiaux. Elle s'est accompagnée d'un déclin des qualifications des immigrés avec, pour conséquence, une performance économique plus faible. Les écarts de qualification et de salaire des migrants et de leurs descendants par rapport aux natifs se résorbent très lentement.

     

    http://www.liberation.fr/rebonds/271392.FR.php

     


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