• EXPULSIONS : de sérieux problèmes pour les personnels des compagnies aériennes.

    PARIS, 11 juil 2007 (AFP) - "Ce n'est pas la vocation de la compagnie, ni d'un pilote de ramener des gens par la force": comme ce pilote syndiqué, les personnels d'Air France s'inquiètent de plus en plus des expulsions d'étrangers sur leurs avions, pour la sécurité et l'image de marque de la compagnie.
    Mardi, les élus du comité central d'entreprise ont adopté une motion demandant aux actionnaires "de se prononcer pour l'arrêt des expulsions". Les représentants des 16.000 navigants n'ont pas participé à ce vote mais Franck Mikula, coprésident de leur syndicat majoritaire (l'Alliance PNC), fait état d'un "malaise" que semblent confirmer les témoignages recueillis par l'AFP.
    Pilotes et hôtesses indiquent que les reconduites se passent globalement bien lorsque l'expulsé a donné son accord. Mais "lorsqu'une personne est bâillonnée, menottée, pour nous c'est intolérable", affirme Eric Tahon, membre du syndicat (minoritaire) Alter, commandant de bord sur long-courrier.
    "En cas d'évacuation, parfois nécessaire en 90 secondes quand l'avion est rempli de kérosène, il faut que la personne puisse se déplacer toute seule", explique-t-il. C'est pourquoi, soulignent des commandants de bord, beaucoup refusent d'embarquer le clandestin s'il est opposé à son expulsion.
    Le sans-papier ramené de force est placé à l'arrière de la cabine, encadré par deux policiers, mais souvent aucune place n'est laissée libre à proximité, confrontant les passagers à sa résistance, en contradiction avec le slogan d'Air France qui fait "du ciel le plus bel endroit de la terre".
    Sophie, 35 ans, hôtesse, évoque le traumatisme au spectacle d'une Chinoise "qui criait beaucoup", sur un Paris-Pékin: "des policiers l'ont pliée en deux en lui mettant une couverture sur la bouche pour l'empêcher de crier. Elle est tombée dans les pommes".
    "Quand on transporte ce genre de passagers, souvent menottés, beaucoup de gens sont choqués", témoigne aussi une chef de cabine, parlant d'"un problème de plus en plus aigu", alors qu'Air France devrait être sollicité de façon croissante, <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France">la France</st1:PersonName> projetant 25.000 expulsions en 2007, surtout par avion.
    "Moralement, je suis atteint à chaque fois", confie Stéphane Unzue, 30 ans, steward et militant CGT. "Que penser lorsqu'un passager vous affirme qu'on l'amène droit à la mort? Nous ne sommes pas engagés pour cela".
    La mobilisation du Réseau éducation sans frontières, qui incite depuis 2006 les passagers à se solidariser avec ces sans-papiers, a suscité des incidents ces derniers mois, des passagers s'opposant à l'escorte policière.
    Les expulsions "sont exécutées par le ministère de l'Intérieur" et il "n'appartient pas à Air France de remettre en cause de telles décisions prises dans le cadre d'un Etat de droit", a réagi mercredi un porte-parole de la compagnie.
    Les reconduites "créent des problèmes et des contraintes. Mais qu'est-ce qu'on peut faire? On applique l'Etat de droit", déclare pour sa part Geoffroy Bouvet, pilote porte-parole du syndicat AF-ALPA (majoritaire).
    D'autres compagnies européennes, dont British Airways, Iberia et KLM ont indiqué à l'AFP se plier aussi aux demandes des autorités. Lufthansa en revanche "n'accepte pas de reconduits menottés. Cela a un impact très fort sur les passagers", selon un porte-parole.
    Ni <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Police">la Police</st1:PersonName> aux Frontières, ni Air France n'ont souhaité préciser à l'AFP le nombre d'expulsés chaque année via la compagnie.

     

    Reportage sonore :
    http://www.lemonde.fr/web/son/0,54-0@2-3224,63-934972@51-928941,0.html


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