• A Tripoli, un cimetière discret recueille les clandestins victimes du "désir d'Europe"

     

    Jaunies par le soleil, les broussailles les ont déjà presque soustraites aux regards : 420 pierres tombales nues sont alignées sur une parcelle isolée du cimetière chrétien de Tripoli. Elles portent simplement une date et, en arabe, la mention "inconnu". Les migrants que la mer a rejetés sur la côte libyenne ont droit à une sépulture digne, financée par la municipalité, mais discrète, témoignage de la gêne qu'ils suscitent.

    Entre un échangeur routier et des blocs d'habitation, l'imposant "cimetière italien" est un concentré d'histoire. Soldats coloniaux, colons italiens de Libye, militaires français et surtout anglais tombés sous les balles nazies y côtoient désormais les victimes du "désir d'Europe" qui saisit les Africains par dizaines de milliers chaque année. "Trois cents autres corps, trouvés sur les plages, attendent l'inhumation dans les chambres froides d'un hôpital de la ville", affirme Bruno Dalmasso, pittoresque Italien qui consacre sa retraite à la préservation des lieux. Personne ne tient à faire une grosse publicité à ces morts-là : ni l'Europe qui leur a fermé ses portes, ni la Libye qui les relègue parmi les morts chrétiens, faute de connaître leur appartenance religieuse.

     

    http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/10/23/a-tripoli-un-cimetiere-discret-recueille-les-clandestins-victimes-du-desir-d-europe_1110206_3212.html 

     

    Photo : Tombes de soldats français tombés pendant la bataille d'El Alamein dans un cimetière de Tobruk.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :